(extraits)

On n’a pas fini de s’interroger sur le sort du projet surréaliste. José Pierre aura eu le mérite de poser, pour un « demain joueur », quelques bonnes questions :
« Tour à tour occulté par ceux qui considèrent que l’on doit cesser de s’en réclamer à tort et à travers et désocculté par ceux qui jugent qu’il faut perpétuer ce qui fut avant eux, ou au contraire occulté par l’insignifiance et la niaiserie de tant d’individus, de publications ou d’œuvres qui se prétendent abusivement surréalistes et alors désocculté par des œuvres de synthèse ou de réflexion qui apportent la lumière sur le passé du mouvement et du coup éclairent sa situation présente, le surréalisme continue, mais pas forcément au grand jour et pas forcément là où l’on dit qu’il est. Mais où est-il et quel est-il ? » (L’Univers surréaliste, éd. Somogy, 1983.)

Au terme d’une vie de combats incessants pour maintenir, face à la confusion des médias et aux tentatives d’annexion par l’Université, une approche non réductrice du mouvement le plus émancipateur du siècle qui s’achève et de l’auteur des Manifestes, ce bretteur infatigable de la cause surréaliste laisse une cinquantaine de volumes à découvrir pour ne pas désespérer de la poésie, cette « bouée phosphorescente dans le naufrage » ainsi que la qualifiait André Breton.
Les 19 et 20 mars 1999, se tenait à l’Hôtel du Département, à Marseille, un Colloque Varian Fry au cours duquel José Pierre est intervenu. Ce fut sa dernière participation à une manifestation publique.

Jean-Michel Goutier, Trois cerises et une sardine, n°7, février 2000.