"Le poète actuel n'a pas d'autre ressource que d’être révolutionnaire ou de ne pas être poète, car il doit sans cesse se lancer dans l’inconnu ; le pas qu'il a fait la veille ne le dispense pas du lendemain puisque tout est à recommencer tous les jours et que ce qu'il a acquis à l'heure du sommeil est tombé en poussière à son réveil. Pour lui, il n'y a aucun placement de père de famille mais le risque de l'aventure indéfiniment renouvelé. C’est à ce prix seulement qu’il peut se dire poète et prétendre prendre une place légitime à l'extrème pointe du mouvement culturel, là ou il n’y a à recevoir ni louanges ni lauriers, mais à frapper de toutes ses forces pour abattre les barrières sans cesse renaissantes de l'habitude et de la routine."

Benjamin Péret, « La Parole est à Péret », préface à l'Anthologie des mythes, légendes et contes populaires d’Amérique.