L'Occupation avait contraint beaucoup d'hommes de lettres français à chercher une terre d'exil. Au cours des derniers jours de1941, Benjamin Péret se réfugie à Mexico, ville où, quelques mois plus tard, il rédigera Dernier malheur dernière chance. Dans ce long poème, qui ne traite pas la matière amérindienne, se ressentent les vives tensions artistiques et idéologiques qui dominaient la scène littéraire parisienne surtout dans les mois précédant le début de la conflagration européenne. Cet essai tente de sonder la culture de Péret. Des réseaux intertextuels reliant Dernier malheur dernière chance à Lautréamont et à Alfred Jarry, deux poètes phare du surréalisme, sont dépistés.
Puisque des rapports intenses, mais souvent cryptiques, s'établissent entre les écrivains réfugiés sur le continent américain, sera mis en relief le dialogue que Péret noue avec André Breton, Wolfgang Paalen, Pierre Mabille et Roger Caillois. Bien sûr, l'automatisme de Péret contredit l'esthétique de la poésie à formes fixes qui, à l'époque, assurait à Aragon sa renommée.

Henri Béhar : Richard Spiteri analyse Dernier malheur dernière chance « de fond en comble » en faisant usage de « méthodes de lecture qui ont un peu trop disparu de notre horizon ».

 

L’Association des amis de Benjamin Péret a souvent eu l’occasion de saluer les travaux de Richard Spiteri, en publiant notamment les correspondances inédites du poète découvertes grâce aux recherches de l’universitaire maltais.
Mais cette fois-ci c’est un véritable défi que lance Richard Spiteri dans son « Exégèse de Dernier malheur dernière chance de Benjamin Péret » (L’Harmattan, 2008).
« En effet, écrit-il, à un premier coup d’œil, le poème – telle une couche de lave refroidie dont l’existence même paraît absurde – laisse le lecteur perplexe. Ensuite, on s’aperçoit que des termes, des groupes de mots de précurseurs du surréalisme ou d’intercesseurs s’enkystent dans le texte du poème. Les recherches que nous entreprenons visent surtout la reconnaissance de l’origine de tels composants des vers de Péret et l’examen de la transformation que cet intertexte subit selon l’idiosyncrasie du poète. » (pp.12-13)
Le défi me semble largement relevé et le pari gagné. Si le mot analyse – décomposition d’un corps en ses éléments constituants – a un sens appliqué à une œuvre littéraire, c’est bien ici à cet exercice que se livre Richard Spiteri avec une rare érudition.
Je conseille vivement à l’acheteur de cet ouvrage le mode d’emploi suivant :
Lire d’abord en entier Dernier malheur dernière chance, en s’abandonnant au flux verbal du poème comme on se laisse porter par le courant d’un puissant fleuve.
 Lire ensuite le livre de Richard Spiteri.
 Relire enfin Dernier malheur dernière chance. On s’apercevra alors que loin de ternir le texte – comme c’est souvent le résultat des commentaires – l’exégèse de Spiteri donne un nouvel éclat à ce magnifique poème.

Claude Courtot, Trois cerises et une sardine, n°23, novembre 2008.

 


Richard Spiteri est né à Malte. Il a été étudiant en lettres modernes à l'université Stendhal-Grenoble III, puis à l'université de la Sorbonne-Nouvelle Paris III, Où il a soutenu une thèse de doctorat de 3è cycle sur la poésie de Benjamin Péret. Dans des revues spécialisées, il a publié des articles sur Péret ainsi que des manuscrits du poète inédits. Aujourd'hui il fait partie du corps enseignant du département français langue étrangère de l'Université de Malte.

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